Nous y voilà : le 23 avril, il faudra voter pour un candidat. Mais dans la multitude de propositions qui sont faites, et malgré des candidats qui prônent une stratégie de développement massive, les startups se trouvent un peu “le cul entre deux chaises”. Faut-il croire les promesses, se projeter dans l’avenir avec espoir ou bien, au contraire, envisager de s’exporter là où l’herbe est plus verte ?
Un écosystème difficile
Force est de constater que, malgré des articles nous expliquant que les startups lèvent des dizaines de milliers d’euros, malgré des annonces toujours plus nombreuses de futures licornes qui se créent tous azimuts, l’écosystème français reste un peu comme Dallas : un univers impitoyable. Manque de sérieux des investisseurs qui hésitent (trop) longtemps (quand ce n’est pas pour attendre de racheter la startup à la casse), manque de confiance aussi dans un domaine qui se veut, inévitablement, innovant, le fait est que beaucoup galèrent.
Elle est loin du quotidien des startuppeurs cette belle image de l’entreprise remplie de jeunes motivés à qui des anges bienfaiteurs viennent filer un coup de main. Les vraies bonnes idées sont rares, les vraies belles histoires aussi. Quant à innover et vous imposer dans un secteur où règnent les dinosaures… N’y pensez même pas !
La réalité des startups
A écouter les discours de nos candidats, il est compliqué de s’y retrouver. A croire qu’ils n’ont toujours pas compris de quoi sont faites nos petites entreprises qui voient loin et grand… Alors aidons-les un peu :
- Une startup innove, c’est-à-dire qu’elle propose des solutions inédites, voire inconcevables il y a encore peu de temps. Traduction : elles vont proposer des idées qui risquent de changer l’ordre des choses et c’est ça qui est bien. Il serait temps de le comprendre…
- Une startup part souvent d’une vision, c’est-à-dire que ce n’est pas clair pour tout le monde, que ça peut aller à l’encontre des idées reçues, mais que sur le long terme il y a une vraie proposition de valeur. Il faut donc arrêter de vouloir tout rationaliser et de comparer les startups aux entreprises traditionnelles.
- Une startup c’est un pari. Risqué, le pari ? Surtout pour les startuppeurs qui mettent toute leur énergie et parfois leurs économies dans leur projet. S’ils sont capables d’y consacrer autant de temps, c’est qu’il doit y avoir un vrai potentiel, non ?
- Une startup c’est un challenge personnel. Parce qu’on doit tout apprendre. Parce qu’on doit tout gérer (on a rarement les moyens d’embaucher comptable, assistante et commerciaux dès le départ). Parce qu’on doit faire face aux refus, aux échecs, aux doutes des autres (et surtout de ses proches). Parce qu’on se sent seul et que ce n’est pas un espace de coworking qui va changer la donne.
- Une startup c’est du stress constant. Avec tous les symptômes qui vont avec : stress, insomnie, surmenage, insécurité…
Des constats, on pourrait en faire des dizaines de plus. Mais tous vont dans le même sens : une startup c’est le challenge de créer quelque chose de nouveau, d’éclater les modèles et de voir loin, très loin. Mais c’est aussi une dure réalité : la plupart des fondateurs de startups ne sont pas préparés à ce qui les attend. Dans le meilleur des cas, ils ont déjà eu une expérience entrepreneuriale et savent (un peu) à quoi s’attendre, dans le pire des cas ils sortent tout juste de l’école avec un enthousiasme forcené qui risque de vite les faire déchanter.
Des aides, oui, mais comment ?
Pourtant, quand on écoute les discours des candidats, des phrases reviennent, le plus souvent liée à l’entrepreneuriat au sens large. On nous parle d’aides, de financements, d’aides à l’embauche (encore faudrait-il pouvoir s’embaucher soi-même avant de penser à créer des emplois)… Pour les startups, il y a des aides à l’innovation, du statut de jeune entreprise innovante, d’accélérateurs… Mais quelles sont les conditions pour y accéder ? Demandez autour du vous : c’est le parcours du combattant dès que vous avez le malheur de sortir des sentiers battus ou de toucher à un sujet préempté par des institutions (la santé, l’éducation…).
De ces difficultés à accéder à un soutien, aucune trace dans les discours des candidats. Certains voient les startups comme de futures machines de guerre destinées à bouleverser nos vies pour les rendre meilleures, d’autres comme des tueuses d’emplois qui mettront des milliers de personnes au chômage ou les useront à coup d’heures de travail à rallonge et d’insécurité. Entre les deux, le vide. C’est pourtant bien à ces jeunes entrepreneurs qui préparent l’avenir et, si on les y aide, créeront les emplois de demain qu’il faudrait s’adresser. Eux aussi doivent être rassurés.
Si, depuis quelques semaines, les candidats font régulièrement appel à de jeunes entrepreneurs pour leur demander comment les aider, il semblerait qu’ils aient du mal à comprendre ce qu’on leur dit. Tous se veulent candidats du changement, du futur, du plein emploi (sic !), mais combien sont capables de remettre en cause leurs certitudes pour accepter notre mode de travail ?