Souvent, dans les écoles de commerce et de marketing, on néglige l’aspect visuel et design de la formation. On explique aux étudiants comment élaborer une stratégie digitale en se fixant des objectifs quantitatifs et qualitatifs, en anticipant le ROI, en utilisant des techniques marketing “validées” depuis des années, en s’appropriant les réseaux sociaux, en adoptant le bon discours au bon moment, en visant le buzz, en espérant l’engagement de sa communauté par le biais d’actions réfléchies… On fait tout ça et on oublie l’essentiel : le design !
Parce que oui, une fois de plus, le design est l’élément de base du web. On y va parce que c’est agréable à l’œil, parce que le design est fonctionnel, parce que c’est ergonomique, parce que c’est bien pensé et qu’on a construit le site ou l’appli en prenant en compte l’UX (User Experience), parce que visuellement ça en jette. D’ailleurs, on se refile volontiers les liens vers des images ou vidéos qu’on a aimées (merci Pinterest et les options de partage). Oui : on se laisse séduire par l’enveloppe, et l’enveloppe c’est le design.
Le site avec le meilleur contenu ne fonctionnera pas s’il n’est pas attirant. Une exception : Le bon coin qui, malgré son design peu aguicheur, truste la vente entre particuliers. Mais voilà : Le bon coin se positionne sur un segment bien particulier et doit son succès, notamment, à la simplicité de son interface qui permet au plus néophyte de publier son annonce sans perdre un temps fou à tenter de calibrer le texte et les images. Le bon coin, c’est un peu le Lego des sites de petites annonces.
Malgré tout, la composante visuelle n’est pas à laisser de côté, bien au contraire. Et quand bien même le but ultime n’est pas de faire soi-même du design, mieux vaut savoir ce qu’implique la construction d’un site, la création d’une maquette, son découpage et son intégration, le développement d’une appli ou d’une fonctionnalité, la réalisation d’une vidéo… Ne serait-ce que pour ne pas se faire avoir par des sous-traitants malintentionnés. Ne serait-ce que pour pouvoir dialoguer avec l’équipe créative en toute connaissance de cause et non pas en débarquant avec de grandes idées mais pas la moindre quant à la façon de les mettre en œuvre.
Alors oui, la stratégie digitale pourrait être résumée en la version digitale de la communication à la papa. Mais ce serait passer à côté du cœur de l’écosystème web qu’on cherche à créer, de son essence même, de ce qui fait que la cible aura ou non envie d’y entrer, d’y passer un moment, voire de s’y poser et d’y inviter ses connaissances. Il faut donc placer le design au centre du digital pour ne pas passer à côté de l’essentiel et voir de bonnes stratégies tomber à plat sans comprendre pourquoi.