De nos jours, les réseaux sociaux sont inévitables. Loin d’être un lieu commun, cette affirmation en dit long sur l’évolution de notre société et sur les possibilités et contraintes qui s’offrent désormais à nous. Si nous avons bien une existence dans le monde réel, notre existence virtuelle représente toutefois une part importante de qui nous sommes. Qu’il s’agisse de nos avatars sur les réseaux sociaux ou dans des jeux, il existe bel et bien une relation étroite entre nos actions on et offline.

Mais alors, que révèlent nos avatars ? Ont-ils une influence sur qui nous sommes réellement ? Une étude du professeur Jeremy Bailenson, de l’Université de Stanford, démontre que les avatars peuvent avoir une influence sur la vie réelle si tant est qu’on se projette réellement en eux. Afin de démontrer sa théorie, Jeremy Bailenson a lancé deux séries de tests :

  • des participants mimaient un footing en voyant leurs avatars faire la même chose et maigrir à vue d’oeil
  • des participants mangeaient de la junk food et pendant ce temps leurs avatars grossissaient à vue d’oeil

Dans les deux cas, les participants ont, suite à cette expérience, modifié leurs habitudes sportives et alimentaires pour adopter une meilleure hygiène de vie. Dans ces cas précis, la visualisation de l’avatar et son rapprochement avec son moi réel ont permis de lier l’image que les participants avaient d’eux-mêmes et leur mode de vie.

Ainsi, il n’est pas rare que le personnage que l’on se construit sur les réseaux sociaux soit une forme de “moi idéal”, perfectionné, à l’image de de qu’on aimerait être. Qu’il s’agisse du physique ou de l’attitude, l’avatar revêt une importance majeure dans l’appréhension du monde et la relation aux autres, devenant un véritable levier social dans la vie réelle.

Prenons l’exemple des sites de rencontres : de nombreux inscrits se permettent des comportements online qu’ils n’auraient jamais eus dans la vie réelle : aborder l’autre, parler de ses goûts, de ses envies… Autant de choses qui pourraient paraître insurmontables dans la vie réelle sont facilitées sous le masque de l’avatar. Cependant, si une rencontre se fait par la suite dans le monde réel, un déplacement se fait pour tendre à correspondre à son avatar. Ainsi, une grande timidité pourra être combattue puisque c’est l’avatar qui a fait le premier pas dans le monde virtuel.

Pour aller plus loin dans cette influence des réseaux sociaux sur la vie réelle, une expérience vient de débuter à Londres et à Singapour. Deux social media natives, Daphne (Singapour) et Martin (Londres), vont changer de ville et ne dépendre que des réseaux sociaux pour vivre durant cette expérience. Partant avec uniquement un Nokia Lumia (oui, l’expérience est sponsorisée) et les vêtements qu’ils portent, ils devront faire jouer les réseaux sociaux pour trouver où dormir, de quoi se nourrir, se vêtir, etc.

Ainsi, ils dépendront essentiellement de leur vie virtuelle pour pouvoir survivre dans le monde réel. Une expérience originale qui risque fort de démontrer la puissance des réseaux sociaux et leur impact au quotidien. Même si la durée de vie de cette étude in vivo n’est que d’une semaine, elle pourrait bien donner naissance à de nouveaux comportements. Après CouchSurfing et ses canapés à disposition dans le monde entier, le “SocialSurfing” est-il en passe de prendre le dessus ?

Pour suivre leurs tribulations :

– Daphne: facebook.com/CanManSG, @deafknee #CanManSG #smwsg

– Martin: facebook.com/CanManLondon, @SMWLoveMessengr, #CanManLondon

Au final, les réseaux sociaux pourraient bien devenir LE lieu de vie de beaucoup. Loin d’être scotchés devant leur écran, comme autant de nerds en quête de vie sociale, les social users vont pouvoir transférer leur identité numérique dans le monde qui les entoure. Un déplacement d’autant plus intéressant que, jusqu’ici, on pensait plutôt que les réseaux sociaux étaient la continuité de la vie réelle. Les expériences ci-dessus tendraient à démontrer que désormais les réseaux sociaux s’exportent dans la vie de tous les jours.